Enfin la sortie de mon premier thriller:
Un roman noir provençal :
Dans les Alpes de Haute Provence, la mort étrange d’une
artiste peintre du village de Mison .
Le retour d’un homme que l’on croyait disparu.
L’arrivée de deux femmes russes dans la région.
Et deux vieux bas-alpins qui ne s’en laissent pas
compter et déjouent les machinations de la Mafia Rouge.
Pourquoi n’écrivez-vous pas de polar, m’avaient
demandé mes lecteurs ? La réponse était simple, j’écris selon mon humeur...
Ce n’était pas encore le moment…
Puis, se sont imposés à mon esprit les
paysages de la région de Sisteron, les
couleurs douces de ses vergers, les parfums de ses lavandes, la somnolence de
ses vieux villages et la sauvagerie de ses gorges. Sont remontés à ma mémoire
des portions de la vie de ses habitants, des bribes d’histoires racontées, de
souffrance et de joies vécues par les descendants de ces rudes paysans.
L’histoire du passé s’est mêlée à celle du présent.
Ainsi sont nés le personnage d’Odette, l’artiste peintre amoureuse de la
lumière provençale, celui de Romain, l’ingénieur fasciné par la beauté des
femmes exotiques, tous deux la cible du KGB et de la Mafia, les pieuvres rouges
qui cherchent en Provence à blanchir l’argent sale du marché des œuvres d’art.
En attendant, lire quelques extraits ci dessous:
...." Romane serra les
quelques mains tendues pour condoléances, de ces mains de paysans qui ne
savaient pas dire leur peine, et disposa, aux côtés de la dalle prête à être
refermée, les fleurs cueillies dans les jardins du hameau : des dahlias
rouges d’amour et d’été.
L’homme ne s’était pas
approché pendant toute la cérémonie. Il inclina la tête, ses mains se
joignirent comme pour une dernière prière. Il semblait attendre. Le convoi
quitta le cimetière. L’homme ne bougea toujours pas. Quand les voitures eurent
disparu, il s’avança lentement en direction de la tombe. Romane, tourna la tête
vers la vitre arrière du fourgon, se pencha et le suivit des yeux un instant.
Puis elle détourna son regard. Dans le véhicule, Faustine chevrotait :
— Nous devons nous
hâter. Nous avons encore beaucoup à faire avant ton départ.
Au loin la silhouette
de l’homme s’effaçait dans l’ombre des cyprès."...
..." Un nouveau convoi avait
été formé et repartait, plus maigre. Il fit une nouvelle halte devant un poste
de rassemblement. Des baraquements. Au poste frontière suivant, les deux
Français furent de nouveau séparés du reste de la troupe. Pas d’erreur
d’aiguillage. On leur expliqua qu’ils devaient attendre le temps de démasquer
les ennemis de la patrie. Il fallait écarter tout danger. Dans le convoi se
trouvaient de faux prisonniers, des traîtres au parti, des ennemis de la
révolution, des Russes qui avaient trahi, s’étaient enrichis sous le régime fasciste,
de nouveaux koulaks, des saboteurs, des fossoyeurs de la classe ouvrière avides
de revanche. Il fallait consolider la victoire, assurer pour toujours la
grandeur de la patrie. Mais le hall de la gare avait des barreaux et les
geôliers ressemblaient à leurs anciens bourreaux. L’uniforme du GPU avait la
couleur des uniformes nazis, et les tourelles autour du camp n’étaient pas là
pour les protéger.
Pierre abasourdi regardait autour de lui. La marche
avait rouvert une vieille cicatrice, il souffrait, la fièvre commençait à
envahir son corps, sa jambe était presque paralysée. Souvent dans son délire,
il confondait le camp russe avec le camp nazi. Il n’avait plus l’appui de
Raoul. Le commissaire les avait séparés. Lui, si dur, commençait à sentir les
forces l’abandonner. Il manquait de sommeil. Il comprenait maintenant qu’il
était de nouveau prisonnier, accusé, coupable de venir de l’ouest. Malgré les tourments,
il refusait encore d’avouer les crimes imaginaires dont on l’accusait. On
l’accusait de quoi ? Il avait par instants encore la force d’en rire, le
rire le soutenait. Lui, vouloir empoisonner Staline, lui un espion à la solde
des Anglais ? Puis les douleurs revenaient, de plus en plus lancinantes.
Le commissaire lui avait promis la vie sauve, et pourquoi pas la liberté et les
retrouvailles avec sa famille s’il avouait. La nuit il s’accrochait
désespérément au gris plombé des carreaux cassés. Au-delà de la vitre sale, il
revoyait Mison et la tombe de ses parents. Il aimerait tant se reposer à leur
côté et entendre les voix de sa femme et son fils penchés sur la dalle de
pierre. Les nuits s’éternisaient. Il ne savait plus depuis combien de jours la lampe
qui l’aveuglait lui brûlait les yeux. Fatigué, il avait envie de signer ces
mensonges. Dans son crâne s’insinuait, sournois, le crissement du crayon de la
secrétaire. Une simple signature, il serait libre."...
..." Le souffle piquant de
la montagne excitait ses muscles, et son sang circulait de nouveau, renouvelé.
Il se sentit capable de faire quelques pas, se décida à marcher pour évacuer les
résidus de poison accumulé dans ses muscles. Ses jambes répondaient et ses
poumons se gonflaient. Il n’alla pas loin. Tout juste le temps de se nourrir,
de s’alimenter aux couleurs de la montagne. Un effort, quelques pas encore, il
verrait la falaise, blanche comme du pain.
Au milieu du sentier
ourlant la paroi, une artiste avait planté son chevalet. Elle était absorbée
par son travail. Il suivit le tracé du pinceau et l’œuvre en devenir. Elle ne
le voyait pas, mais lui fixait la nuque pâle et les boucles rebelles qui
dansaient sur la peau. Il sentit la chaleur envahir son corps malade, et son
cœur s’allumer comme un brasier. Odette leva la tête. Un homme immobile, comme
pétrifié, la contemplait. Ses yeux avaient la couleur des eaux des torrents,
cette couleur incertaine qu’ils charrient à la fonte des neiges quand s’ouvre
le printemps. Elle tressaillit. Le regard de l’inconnu s’illumina de gris et de
bleu, de teintes d’eau de Durance, de couleurs immortelles qui survivent à
l’âge… Ils s’observèrent sans mot dire. Les battements de leur cœur parlaient
pour eux.
Il était de retour… Qui
sait, peut-être est-il marié ? Qui sait peut-être avait-t-elle refait sa
vie ? Qu’importe, il était là, elle était là…
Elle était là, toute
proche. Un rêve ? Un espoir ? Il n’avait pas encore assez de forces
pour lui tendre les bras. Il recula lentement. Demain…
Elle vit s’effacer la
silhouette, celle d’un homme qu’elle n’avait cessé d’aimer.
Elle avait pris sa
décision. Demain, elle appellerait Romane. Elle lui confierait le secret
qu’elle avait longtemps caché. Son espoir…"...
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