jeudi 21 septembre 2017

Un roman noir provençal

DU ROUGE MAFIA SUR LA PROVENCE


Enfin la sortie de mon premier thriller:
Un roman noir provençal :

Dans les Alpes de Haute Provence, la mort étrange d’une artiste peintre du village de Mison .
Le retour d’un homme que l’on croyait disparu.
L’arrivée de deux femmes russes dans la région.
Et deux vieux bas-alpins qui ne s’en laissent pas compter et déjouent les machinations de la Mafia Rouge.

Pourquoi n’écrivez-vous pas de polar, m’avaient demandé mes lecteurs ? La réponse était simple, j’écris selon mon humeur... Ce n’était pas encore le moment…
 Puis, se sont imposés à mon esprit les paysages de la région de Sisteron,  les couleurs douces de ses vergers, les parfums de ses lavandes, la somnolence de ses vieux villages et la sauvagerie de ses gorges. Sont remontés à ma mémoire des portions de la vie de ses habitants, des bribes d’histoires racontées, de souffrance et de joies vécues par les descendants de ces rudes paysans.

L’histoire du passé s’est mêlée à celle du présent. Ainsi sont nés le personnage d’Odette, l’artiste peintre amoureuse de la lumière provençale, celui de Romain, l’ingénieur fasciné par la beauté des femmes exotiques, tous deux la cible du KGB et de la Mafia, les pieuvres rouges qui cherchent en Provence à blanchir l’argent sale du marché des œuvres d’art.



En attendant, lire quelques extraits ci dessous:
 ...." Romane serra les quelques mains tendues pour condoléances, de ces mains de paysans qui ne savaient pas dire leur peine, et disposa, aux côtés de la dalle prête à être refermée, les fleurs cueillies dans les jardins du hameau : des dahlias rouges d’amour et d’été.


L’homme ne s’était pas approché pendant toute la cérémonie. Il inclina la tête, ses mains se joignirent comme pour une dernière prière. Il semblait attendre. Le convoi quitta le cimetière. L’homme ne bougea toujours pas. Quand les voitures eurent disparu, il s’avança lentement en direction de la tombe. Romane, tourna la tête vers la vitre arrière du fourgon, se pencha et le suivit des yeux un instant. Puis elle détourna son regard. Dans le véhicule, Faustine chevrotait :
— Nous devons nous hâter. Nous avons encore beaucoup à faire avant ton départ.
Au loin la silhouette de l’homme s’effaçait dans l’ombre des cyprès."...


..." Un nouveau convoi avait été formé et repartait, plus maigre. Il fit une nouvelle halte devant un poste de rassemblement. Des baraquements. Au poste frontière suivant, les deux Français furent de nouveau séparés du reste de la troupe. Pas d’erreur d’aiguillage. On leur expliqua qu’ils devaient attendre le temps de démasquer les ennemis de la patrie. Il fallait écarter tout danger. Dans le convoi se trouvaient de faux prisonniers, des traîtres au parti, des ennemis de la révolution, des Russes qui avaient trahi, s’étaient enrichis sous le régime fasciste, de nouveaux koulaks, des saboteurs, des fossoyeurs de la classe ouvrière avides de revanche. Il fallait consolider la victoire, assurer pour toujours la grandeur de la patrie. Mais le hall de la gare avait des barreaux et les geôliers ressemblaient à leurs anciens bourreaux. L’uniforme du GPU avait la couleur des uniformes nazis, et les tourelles autour du camp n’étaient pas là pour les protéger.

Pierre abasourdi regardait autour de lui. La marche avait rouvert une vieille cicatrice, il souffrait, la fièvre commençait à envahir son corps, sa jambe était presque paralysée. Souvent dans son délire, il confondait le camp russe avec le camp nazi. Il n’avait plus l’appui de Raoul. Le commissaire les avait séparés. Lui, si dur, commençait à sentir les forces l’abandonner. Il manquait de sommeil. Il comprenait maintenant qu’il était de nouveau prisonnier, accusé, coupable de venir de l’ouest. Malgré les tourments, il refusait encore d’avouer les crimes imaginaires dont on l’accusait. On l’accusait de quoi ? Il avait par instants encore la force d’en rire, le rire le soutenait. Lui, vouloir empoisonner Staline, lui un espion à la solde des Anglais ? Puis les douleurs revenaient, de plus en plus lancinantes. Le commissaire lui avait promis la vie sauve, et pourquoi pas la liberté et les retrouvailles avec sa famille s’il avouait. La nuit il s’accrochait désespérément au gris plombé des carreaux cassés. Au-delà de la vitre sale, il revoyait Mison et la tombe de ses parents. Il aimerait tant se reposer à leur côté et entendre les voix de sa femme et son fils penchés sur la dalle de pierre. Les nuits s’éternisaient. Il ne savait plus depuis combien de jours la lampe qui l’aveuglait lui brûlait les yeux. Fatigué, il avait envie de signer ces mensonges. Dans son crâne s’insinuait, sournois, le crissement du crayon de la secrétaire. Une simple signature, il serait libre."...



..." Le souffle piquant de la montagne excitait ses muscles, et son sang circulait de nouveau, renouvelé. Il se sentit capable de faire quelques pas, se décida à marcher pour évacuer les résidus de poison accumulé dans ses muscles. Ses jambes répondaient et ses poumons se gonflaient. Il n’alla pas loin. Tout juste le temps de se nourrir, de s’alimenter aux couleurs de la montagne. Un effort, quelques pas encore, il verrait la falaise, blanche comme du pain.
Au milieu du sentier ourlant la paroi, une artiste avait planté son chevalet. Elle était absorbée par son travail. Il suivit le tracé du pinceau et l’œuvre en devenir. Elle ne le voyait pas, mais lui fixait la nuque pâle et les boucles rebelles qui dansaient sur la peau. Il sentit la chaleur envahir son corps malade, et son cœur s’allumer comme un brasier. Odette leva la tête. Un homme immobile, comme pétrifié, la contemplait. Ses yeux avaient la couleur des eaux des torrents, cette couleur incertaine qu’ils charrient à la fonte des neiges quand s’ouvre le printemps. Elle tressaillit. Le regard de l’inconnu s’illumina de gris et de bleu, de teintes d’eau de Durance, de couleurs immortelles qui survivent à l’âge… Ils s’observèrent sans mot dire. Les battements de leur cœur parlaient pour eux.
Il était de retour… Qui sait, peut-être est-il marié ? Qui sait peut-être avait-t-elle refait sa vie ? Qu’importe, il était là, elle était là…
Elle était là, toute proche. Un rêve ? Un espoir ? Il n’avait pas encore assez de forces pour lui tendre les bras. Il recula lentement. Demain…
Elle vit s’effacer la silhouette, celle d’un homme qu’elle n’avait cessé d’aimer.
Elle avait pris sa décision. Demain, elle appellerait Romane. Elle lui confierait le secret qu’elle avait longtemps caché. Son espoir…"...























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