vendredi 12 janvier 2024

DÉLIRES

 
UNE PAUSE 
 
 

Les années qui passent, les problèmes de santé, et la morosité des informations télévisuelles ont mis un frein à mes velléités de création littéraire.

 En cette année de lutte contre les violences faites aux femmes-Priorité nationale, je n’ai fait que jouer avec des mots, les assembler en petits textes sur des bouts de papier cachés …

Mais si vous voulez découvrir un de mes délires:

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 Les conneries du raton bidon

Connasse !... Elle avait ramassé ce mot que l’autre avait jeté, comme un papier gras dans un caniveau ou un dépôt d’ordure. Connasse… Ce mot, elle l’avait trouvé jouissif, un mot plein de mystères, plein de promesses insoupçonnées. Pas un de ces mots péjoratifs en asse comme dégueulasse, un mot fait pour des lèvres charnues et l’extase. Pas un en asse comme radasse. Elle le voulait actif, un mot plein de jouissances et de caresses lascives, pas allongé les jambes écartées dans l’attente d’un plaisir égoïste.

Elle l ’avait entendu dans la bouche de son maître d’apprentissage et ce mot résonnait encore, un mot dont nul ne connaissant l’origine, un mot venu des profondeurs de l’origine du monde un mot énorme mystérieux, réservé, comme ce quartier secret dont l’autre parlait à mots couverts avec des rires gourmands de salive dégoulinante; un mot énorme comme la porte d’Aix, énorme, avec ses doubles SS comme les joues du cul de la marchande de salades. Connasse !... l’autre l’avait jeté comme une insulte, en sifflant ses SS, comme un arrache couilles. 

Elle travaillait sur une machine, il la trouvait rêvasse, un peu folasse parfois. Elle n’était pas sa tasse de thé,  il préférait une bonne pétasse aux jeunes dindasses . Il s’était approché d’elle dans l’ atelier, certain de son charme passé, Un narcisse vorace... Il ne voyait pas ses cheveux filasse, la peau des mollets tombant sur ses godasses, son Marcel dégueulasse, son teint vinasse. Il avait chassé tant de jeunes bécasses … Celle-ci ne pouvait lui échapper.

Elle s’était moquée, il avait persévéré. Elle riait, regardait ses cuisses qu’il tenait serrées depuis qu’il avait été émasculé par cette pétasse dont il ne se souvenait jamais. Il l’avait effacée de sa mémoire , écrasée entre ses genoux jointés.  Il avait avancé une main pleine de crasse,   jouissant par avance d’une victoire facile. Elle n’était pour lui qu’une gourdasse. Il la posséderait, s’enverrait en l’air , gavé de turpitudes salasses.

Elle l’avait brocardé. Cette putasse avait glissé entre ses doigts comme une agasse et l’avait nargué. Il avait sifflé entre ses lèvres écumantes comme un crotale, l’avait traitée de feignasse, de radasse, de poufiasse, couverte de tous les mots qui sentaient la bouillasse. Et dans un dernier sursaut de tout son poids de brutasse avait hurlé : " Tu te casses !"... "Connasse !"...

Elle s’était retrouvée sur le trottoir, soulagée, libre. Ce petit mot de connasse, elle l’avait ramassé, couvert de mille attentions et de baisers. Il n ‘avait pas encore été défloré, ce n’était pas un mot machiste sorti des gorges avinées. Il était tout neuf, comme un petit cul d’enfant de Marie, un petit mot d’amour , un mot minuscule qui flottait au fond des fontaines de vie, qui chantait les basses en jouant de son petit C… pour dire ce que l’on n’ose nommer.  Un mot divin, pur, en asse qui coulait , réchauffait le corps, pas comme ces lavasses que les bestiasses boivent à gorges déployées pour faire rire les bravaches. Un petit mot tout court avec ses deux SS comme des soupirs d’extase et la promesse d’un début que l’on garde secret.

Ce petit mot nouveau, elle l’avait trouvé, au fond d’un caniveau, elle l’avait mitonné comme du bon gibier, une de ces bêtes pas encore faisandées, une de ces viandes jeunes que l’on goûte avec du miel. Une viande pour les repas de fête. Un mot de joie en asse , un mot à l’encontre des blagues cocasses, un mot qui passe, léger comme une tasse de thé, un mot qui coule avec les années, se prélasse, prend un goût de mélasse, de ce sucre doux pas encore raffiné que l’on n’oublie jamais, que l’on ressort dans la mémoire d’une jeunesse oubliée.

Connasse...Un petit mot en asse, un refrain de romance.

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