AVANT-PREMIÈRE DE PRINTEMPS.
Pour sortir enfin des journées moroses d’hiver et de
crise,
pour retrouver un peu de bonne humeur avec la nouvelle saison,
parcourez
quelques feuillets de mon nouveau roman.
Une satire souriante et un zeste d’humour.
Pour lire quelques extraits, cliquez ci-dessous sur" plus d'infos..."
"...Cela faisait déjà deux mois que je pensais sérieusement
à ce que m’avait suggéré mon beau-fils. Mais, je remettais sans cesse l’affaire
au lendemain. Ce que j’appréhendais le plus, c’était le regard de la famille,
surtout celui des petits-enfants Si en farfouillant dans mon ordi, comme
dit Arthur, mon petit-fils, ils voyaient l’historique de ma navigation, ou si en
faisant irruption dans le bureau, ils me surprenaient entrain de chatter.
— Un vrai bas bleu. Une pudeur de fille. Oui ! Lance-toi ! Tu cherches
toujours des prétextes pour remettre au lendemain.
Pour la faire rager, j’ai osé. J’ai appuyé sur le
bouton «On »..."
"... Quel modèle choisir ?
J’étais
rentrée dans la boutique en curieuse, juste pour regarder. J’avais un peu de
temps à perdre, un moment pour flâner, et puis c’était le printemps, la saison
où, qu’on le veuille ou non, le temps vous pousse à renouveler votre garde
robe. Cette année, le temps était prévu léger, les chemisiers blancs, les
hommes musclés et épilés.
Dans la vitrine, ils s’exposaient comme des hirondelles
sur des fils électriques. Ce qui m’avait troublée le plus dans la nouvelle
collection, c’était le grand choix.
Nathalie du site, la vendeuse de Madagascar, s’est
précipitée sur moi. Je voulais qu’on me laisse tranquille, qu’on me laisse
admirer, choisir à mon aise. Rien à faire, elle avait son sourire de
circonstance :
— Que puis-je faire pour vous ? Puis-je vous
aider ?
J’ai dit:
— Je cherche un homme.
— Pour quelle taille? m’a-t-elle demandé. Comme si
elle ne pouvait pas la deviner au vu la mienne qui, certes a des inconvénients,
en particulier pour le choix des chaussures, mais aussi des avantages, ceux de
me préserver de l’étouffement dans les manifs ou les rushs dans les gares, le
jour de grèves surprises!
— Un mètre soixante-dix au minimum. Mais j’ai
rajouté aussitôt, un peu plus grand, ça serait pas mal.
— Vous le voulez comment ? Ajusté ou non ?
Un peu large ou un peu serré ?
J’ai répondu :
— Juste ce qu’il faut; ni trop gros, ni trop maigre.
— En tissu léger, ou en plus épais.
— De préférence assez robuste, je préférence les
hommes un peu musclés et qui pratiquent une activité physique régulière.
Je me suis montrée aimable, je ne voulais pas décourager
la responsable du rayon et lui faire échapper, à la veille des vacances, sa prime
de meilleure vendeuse.
Nathalie, continuait inlassable, opiniâtre.
— Tant qu’à y être, autant lui faire plaisir et regarder,
me souffle l’autre concupiscente, accrochée dans mon dos.
La senteur des hominiens avait chatouillé ses
narines et l’avait réveillée.
— Je pense avoir ce qu’il vous faut. Celui-ci ira très
bien avec une robe de soirée : BC BG, golfeur, de bons revenus. La classe
pour les thés dansants ou cet autre, un peu plus cher… mais parfait pour
accompagner un profond décolleté. Ou ce modèle très chic, exclusif. Il revêt le
smoking pour les soirées mondaines et lance des œillades langoureuses, ou encore
cet exemplaire musical unique qui chante au choix la valse de l’empereur ou le
tango corse.
— J’aimerais quelque chose de plus simple.
— Du classique ? Celui-ci, très élégant, porte
le costume à merveille, chemise et cravate, aucun faux pli, des goûts simples,
lecture et opéra. Moins onéreux que le précédent…
— C’est que je ne suis pas une accroc de la musique
classique.
— Vous cherchez du branché ? J’en ai un à
casquette, qui aime le rap et la techno.
— Très peu pour moi, ce style de musique me rend
cardiaque !
— Alors le sportif ? C’est tout à fait votre
genre. Avec T-shirt et eau de toilette assortie. En prime vous aurez un bon
pour « Voyages et découvertes »,
déplacement et hébergement en hôtel quatre étoiles compris ou si vous préférez,
pour « Voile et destinations lointaines » en cabine luxe avec transat
au bord de la piscine et repas à la
table du commandant. La classe…
— C’est que, j’ose l’avouer, les voyages à
l’étranger ne me passionnent plus. Je préfère voyager par Internet, et Google
Earth comble mes désirs d’évasion.
Malgré mes refus, elle insistait :
— Il sait naviguer, c’est un excellent skipper, il possède
un bateau et a un anneau à Saint Tropez.
— Depuis des lustres j’ai le mal de mer.
— Alors toujours dans les modèles haut de gamme, un
tennisman ?
— Pourquoi pas, mais il me paraît bien luxueux. Vous
n’auriez pas quelque chose d’autre dans ce style, mais en moins délicat ?
— Cesse de faire la difficile, halète mon
inséparable, à demi étranglée par la gourmandise.
— J’ai des hommes terroir qui aiment les ballades et
la découverte de paysages provençaux.
— Ça me conviendrait assez bien.
— Hélas dans ce modèle je n’ai plus votre taille,
mais je peux vous en proposer dans une autre marque !...Si vous voulez
j’ai des hommes d’intérieur, doublés, qui tiennent chaud les soirées d’hiver,
ou alors des moelleux bien confortables comme des coussins, pour détente
assurée devant un feu de cheminée. Et si vous préférez la relaxation, j’ai le
modèle kinésie thérapeute ou le musicien.
Et encore de nouveaux mannequins passés en revue.
Il y en avait un qui cherchait toujours à s’immiscer
dans le défilé, il était très persévérant ou en manque d’affection. La vendeuse
de You.M.Me a essayé de le chasser en vain, il résistait. Elle m’a conseillé de
l’ignorer. Ce n’était pas facile malgré son aide et son expérience. Je suis
parvenue néanmoins à lui tourner le dos et le perdre dans une cabine
d’essayage.
Alors Nathalie de You.M.Me est passée au suivant et
encore à d’autres. Il y avait pléthore. La vendeuse était bien serviable, mais
à force de me presser, je ne savais plus ou j’en étais. Pour tout voir et tenir
éveillée toute la soirée, il m’aurait fallu boire des litres de café. Je suis
sortie du magasin sans rien acheter.
Sur les fils, les hirondelles s’étaient envolées. Il
n’en restait qu’une. Une impression de déjà vu, de démodé, le modèle qui s’entête,
tenace mais trop terne, un de ceux qui n’inspire aucun désir particulier.
Je n’ai pas même demandé sa taille et son prix. Il
est resté pendu à son cintre.."
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