jeudi 5 mars 2015

CHRONIQUES D’UNE CHASSE À L’HOMME.



AVANT-PREMIÈRE DE PRINTEMPS.

           Pour sortir enfin des journées moroses d’hiver et de crise,
           pour retrouver un peu de bonne humeur avec la nouvelle saison, 
           parcourez quelques feuillets de mon nouveau roman.
         


                  Une satire souriante et un zeste d’humour.
 
Pour lire quelques extraits, cliquez  ci-dessous sur" plus d'infos..."






"...Cela faisait déjà deux mois que je pensais sérieusement à ce que m’avait suggéré mon beau-fils. Mais, je remettais sans cesse l’affaire au lendemain. Ce que j’appréhendais le plus, c’était le regard de la famille, surtout celui des petits-enfants  Si en farfouillant dans mon ordi, comme dit Arthur, mon petit-fils, ils voyaient l’historique de ma navigation, ou si en faisant irruption dans le bureau, ils me surprenaient entrain de chatter.

— Un vrai bas bleu. Une pudeur de  fille. Oui ! Lance-toi ! Tu cherches toujours des prétextes pour remettre au lendemain.
Pour la faire rager, j’ai osé. J’ai appuyé sur le bouton «On »..."

"... Quel modèle choisir ? J’étais rentrée dans la boutique en curieuse, juste pour regarder. J’avais un peu de temps à perdre, un moment pour flâner, et puis c’était le printemps, la saison où, qu’on le veuille ou non, le temps vous pousse à renouveler votre garde robe. Cette année, le temps était prévu léger, les chemisiers blancs, les hommes musclés et épilés.

Dans la vitrine, ils s’exposaient comme des hirondelles sur des fils électriques. Ce qui m’avait troublée le plus dans la nouvelle collection, c’était le grand choix.
Nathalie du site, la vendeuse de Madagascar, s’est précipitée sur moi. Je voulais qu’on me laisse tranquille, qu’on me laisse admirer, choisir à mon aise. Rien à faire, elle avait son sourire de circonstance :
— Que puis-je faire pour vous ? Puis-je vous aider ?
J’ai dit:
— Je cherche un homme.
— Pour quelle taille? m’a-t-elle demandé. Comme si elle ne pouvait pas la deviner au vu la mienne qui, certes a des inconvénients, en particulier pour le choix des chaussures, mais aussi des avantages, ceux de me préserver de l’étouffement dans les manifs ou les rushs dans les gares, le jour de grèves surprises!
— Un mètre soixante-dix au minimum. Mais j’ai rajouté aussitôt, un peu plus grand, ça serait pas mal.
— Vous le voulez comment ? Ajusté ou non ? Un peu large ou un peu serré ?
J’ai répondu :
— Juste ce qu’il faut; ni trop gros, ni trop maigre.
— En tissu léger, ou en plus épais.
— De préférence assez robuste, je préférence les hommes un peu musclés et qui pratiquent une activité physique régulière.
Je me suis montrée aimable, je ne voulais pas décourager la responsable du rayon et lui faire échapper, à la veille des vacances, sa prime de meilleure vendeuse.
Nathalie, continuait inlassable, opiniâtre.
— Tant qu’à y être, autant lui faire plaisir et regarder, me souffle l’autre concupiscente, accrochée dans mon dos.
La senteur des hominiens avait chatouillé ses narines et l’avait réveillée.

— Je pense avoir ce qu’il vous faut. Celui-ci ira très bien avec une robe de soirée : BC BG, golfeur, de bons revenus. La classe pour les thés dansants ou cet autre, un peu plus cher… mais parfait pour accompagner un profond décolleté. Ou ce modèle très chic, exclusif. Il revêt le smoking pour les soirées mondaines et lance des œillades langoureuses, ou encore cet exemplaire musical unique qui chante au choix la valse de l’empereur ou le tango corse.
— J’aimerais quelque chose de plus simple.
— Du classique ? Celui-ci, très élégant, porte le costume à merveille, chemise et cravate, aucun faux pli, des goûts simples, lecture et opéra. Moins onéreux que le précédent…
— C’est que je ne suis pas une accroc de la musique classique.
— Vous cherchez du branché ? J’en ai un à casquette, qui aime le rap et la techno.
— Très peu pour moi, ce style de musique me rend cardiaque !
— Alors le sportif ? C’est tout à fait votre genre. Avec T-shirt et eau de toilette assortie. En prime vous aurez un bon pour «  Voyages et découvertes », déplacement et hébergement en hôtel quatre étoiles compris ou si vous préférez, pour  « Voile et destinations lointaines » en cabine luxe avec transat au bord de la  piscine et repas à la table du commandant. La classe…
— C’est que, j’ose l’avouer, les voyages à l’étranger ne me passionnent plus. Je préfère voyager par Internet, et Google Earth comble mes désirs d’évasion.
Malgré mes refus, elle insistait :
— Il sait naviguer, c’est un excellent skipper, il possède un bateau et a un anneau à Saint Tropez.
— Depuis des lustres j’ai le mal de mer.
— Alors toujours dans les modèles haut de gamme, un tennisman ?
— Pourquoi pas, mais il me paraît bien luxueux. Vous n’auriez pas quelque chose d’autre dans ce style, mais en  moins délicat ?
— Cesse de faire la difficile, halète mon inséparable, à demi étranglée par la gourmandise.
— J’ai des hommes terroir qui aiment les ballades et la découverte de paysages provençaux.
— Ça me conviendrait assez bien.
— Hélas dans ce modèle je n’ai plus votre taille, mais je peux vous en proposer dans une autre marque !...Si vous voulez j’ai des hommes d’intérieur, doublés, qui tiennent chaud les soirées d’hiver, ou alors des moelleux bien confortables comme des coussins, pour détente assurée devant un feu de cheminée. Et si vous préférez la relaxation, j’ai le modèle kinésie thérapeute ou le musicien.
Et encore de nouveaux mannequins passés en revue.
Il y en avait un qui cherchait toujours à s’immiscer dans le défilé, il était très persévérant ou en manque d’affection. La vendeuse de You.M.Me a essayé de le chasser en vain, il résistait. Elle m’a conseillé de l’ignorer. Ce n’était pas facile malgré son aide et son expérience. Je suis parvenue néanmoins à lui tourner le dos et le perdre dans une cabine d’essayage.
Alors Nathalie de You.M.Me est passée au suivant et encore à d’autres. Il y avait pléthore. La vendeuse était bien serviable, mais à force de me presser, je ne savais plus ou j’en étais. Pour tout voir et tenir éveillée toute la soirée, il m’aurait fallu boire des litres de café. Je suis sortie du magasin sans rien acheter.
Sur les fils, les hirondelles s’étaient envolées. Il n’en restait qu’une. Une impression de déjà vu, de démodé, le modèle qui s’entête, tenace mais trop terne, un de ceux qui n’inspire aucun désir particulier.
Je n’ai pas même demandé sa taille et son prix. Il est resté pendu à son cintre.."





















 



 

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